Le festival

[COMMUNIQUÉ] Blues Rules 2016 – Clôture

Leo Bud Welch Blues Rules 2016

La 7ème édition du Blues Rules Crissier Festival avait tout prévu, même le soleil, arrivé la veille et reparti aussitôt le festival fini, pour accueillir ses mille spectateurs journaliers (+12%)… et il n’en fallait pas moins car le public est venu nombreux pour savourer toute la chaleur humaine, la générosité et les saveurs sincères d’un festival à l’image de la musique qu’il défend : le Blues.

Blues Rules Crissier Festival 2016Vendredi 20 mai, 17h30. Au terme d’une belle campagne de presse à laquelle la plupart des médias suisses ont répondu favorablement (dont Le Matin, Le Temps, 24 Heures, l’Hebdo, Lausanne Cités, Le Courrier, La Liberté, Daily Rock, Jazztime, La Télé, La 1ère, Espace 2, Couleur 3, Option Musiques, Rouge FM, pour ne citer que ceux-là…), les 16 groupes programmés sont donc fin prêts sous le soleil vigoureux qui réchauffe la prairie humide du Château de Crissier, et la machinerie bien huilée des 60 bénévoles souriants et des techniciens concentrés du Blues Rules 2016 ronronne doucement.

Vincent Delsupexhe et Thomas Lécuyer, les organisateurs, prennent un moment pour souhaiter la bienvenue au public encore clairsemé qui savoure le soleil sur la pelouse. Une chorale de gospel suisse se bouscule en pouffant sur la scène, se concentre, explose sous la conduite d’un chef de chœur sautillant comme un lutin. Sur une chaise de jardin devant la scène, Leo Bud Welch, 84 ans, diacre et maître de chapelle de la minuscule église de Sabougla, au fin fond du Mississippi, sensation blues de ces dernières années, lance des « Yeah, yeah ! »…

C’est parti pour le Blues Rules 2016.

Une grande édition, tout le petit monde des fidèles (devant, derrière et sur la scène) s’accordera à le reconnaître – sans pour autant parvenir à en citer une qui ne l’aurait pas été. Elle culminera dans le paroxysme final du set hypnotique – d’abord intemporelle et méditative guitare acoustique, puis sauvage, sèche et incroyablement précise batterie mariée aux cinglants riffs électriques signés Trenton Ayers – de l’héritier du blues, bien trop rare en Europe, Cedric Burnside.
Du chœur local au hérault mississippien, nous aurons parcouru, ces deux jours, toute la diversité et la cohérence de la chaleureuse scène « blues underground » au fil d’une programmation équilibrée de main de maître.

Les racines noires les plus fondamentales, d’abord, celles que trop de festivals renoncent à faire l’effort de programmer, et qui sont au cœur du projet Blues Rules : outre Leo Bud Welch et le Cedric Burnside Project, l’intense texan Reverend KM Williams. Le très noir guitariste gospel blanc Mississippi Gabe Carter. Les cousins hillbilly blues et rock’n’roll, rugueux et électriques à souhait, Reverend Deadeye, Molly Gene One Whoaman Band, Reverend James Leg. Une tête d’affiche plus accessible, mais pas moins authentique, avec Mighty Mo Rodgers, excellente porte d’entrée à cet univers pour le néophyte. Mais aussi, comme toujours au Blues Rules, qui ne confond jamais authenticité et purisme étriqué, l’enracinement régional et européen, et une ouverture stylistique subtile, souvent audacieuse mais jamais imprudente, qui nous rappelle que le blues est à l’inspiration de beaucoup de nos musiques.

Pour la Suisse, outre Madrijazz, le retour aux sources acoustiques enjoué de Floyd Beaumont & the Arkadelphians, l’épais groove stoner-blues de John Dear, la fantaisie gospel-punk du Reverend Beat-Man nous a rappelé l’inventivité et la culture d’une scène nationale dont le festival est résolument partie prenante. Pour l’Europe, à nouveau un effort réussi vers l’un des « petits » pays du blues avec la découverte des roumains fidèles aux sources Blue Monday Ministers ; le passage du public à la scène, une belle tradition du festival, des vigoureux français Jynx et The Chainsaw Blues Cowboys ; et le succès remarquable d’un pari qui s’est révélé parfaitement cohérent avec la chanson banlieusarde rock’n’roll de Johnny Montreuil.
Et surtout, tout ce petit monde s’est écouté mutuellement.

La mesure du blues, son motif et son objet, on le sait bien, est l’émotion – il n’était besoin que de voir les sourires fatigués mais repus du public, les longues accolades des musiciens et des bénévoles de toutes origines, sexes, nations, couleurs, âges, pour savoir que le Blues Rules 2016, petit par la taille, était à nouveau l’un des plus grands des festivals.

Le rendez-vous est pris pour 2017 !

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Photos : C. Losberger & D. Gostoli