LOS GATILLOS (CH)

Side-project All-Stars qui s'est imposé comme groupe à part entière à la surprise de ses membres (Monney B des Hell's Kitchen bien connus au Blues Rules, Pierre Omer légendaire pour sa Revue et les envoûtants Dead Brothers, et le maverik onemanband internationalo-savoyard Fred Raspail), le trio irradie de lyrisme minimaliste DIY. Une touche de cabaret allemand des années 30, une nuance gypsy occasionnelle, les leçons du post-punk industriel et du krautrock dépouillées des oripeaux électros dispensables, et bien sûr une intense si implicite empreinte des modalismes appalachiens et des bended notes du Delta Blues : pour paraphraser Alan Lomax :

« This is European Folk Music, 2020 ».

JOHN DEAR (CH)

Est-ce utile, à Crissier, de présenter Guillaume et Catia, incontournables du rock vaudois depuis les premières notes de Zorg en 1998 ? D'autant qu'ils ont déjà présenté l'americana rock rugueux de leur duo actuel au Blues Rules en 2016. Après la sortie d'un second album longtemps attendu l'an dernier, ils reviennent nous en interpréter les compos nerveuses à la guitare acharnée, aux longues psalmodies graves, à la frappe sèche.

Un moment de transe entêtante et sonore.

CUDDIE WUDDIE (CH)

La musique « roots » la plus populaire aux États-Unis il y a tout juste un siècle, ce n'était pas le blues, ni le hillbilly, ni même le jazz : c'était la musique hawaïenne, sur laquelle guinchaient tant les dandies new-yorkais que les ouvriers noirs du tabac virginien. On ne compte pas les échanges et influences qu'elle a eu avec le blues, notamment autour de la slide guitar.

Le Blues Rules ne pouvait pas laisser passer l'occasion d'ouvrir cette édition avec un bon Hula Blues, interprété avec plus de vivacité que de langueur par un succulent quatuor vaudois au sein duquel vous reconnaitrez, sous un chapeau et une chemise bien plus smart que sa défroque hillbilly habituelle, un pilier du festival, l'Arkadelphien Floyd Beaumont.

WET RUGS (CH) ★ TREMPLIN 2021 ★

Sur la frappe sèche de la batterie, les riffs d'archet du violoncelle répondent aux riffs distordus de la cigarbox électrique ; une voix, lead, féminine, puis rejointe sur les chorus par une deuxième, une troisième, masculines, toutes trois légèrement éraillées sans rien perdre de leur chaleur, viennent renforcer d'un phrasé vigoureux la domination du rythme et du timbre.

Un rare mariage du plus acoustique et du plus électrique, un modèle d'équilibre, de simplicité et d'efficacité :

c'est le vainqueur du Tremplin Blues Rules X Dr. Gab's 2021 !

PAPA WOLF (CH) ★ TREMPLIN 2020 ★

Après le vainqueur du Tremplin 2021, le vainqueur du Tremplin 2020, qu'on n’allait pas renoncer au plaisir d'entendre à cause du hiatus Covid, et après Big Papa Binns hier, un autre « Papa », de Lausanne celui-là. Un trio percussion / deux guitares au groove sonore, entre Swamp, Detroit et Chicago, mené par la voix grave et ce qu'il faut de rauque d'un songwriter résolument francophone. Papa Wolf a découvert le blues à 11 ans, par un 45t de John Lee Hooker sur la platine de son grand-père ancien chef d'orchestre de jazz – un peu moins d'un demi-siècle plus tard, il a toujours sur scène la guitare sur laquelle il avait déchiffré ces premiers morceaux, et pas mal de ses propres bleus à nous narrer.
Notons que Papa Wolf méritait d'autant plus d'emporter le Tremplin qu'il a fondé et anime un groupe collaboratif pour aider les artistes de la région à se faire connaître, « Le club des artistes.CH » :

il y a une justice au Blues Rules !

DJ PHIL (CH)

Comme les années précédentes, c'est au légendaire DJ Phil de Lausanne que reviendra de glisser entre les lives les souvenirs gravés sur vinyles noir de sa longue histoire. Maître reconnu de Classic house et de Nu-disco, vétéran des clubs mondiaux et des plus grands festivals jazz de Suisse, Phil s'offrira avec nous le plaisir de replonger dans le Deep Funk de ses tous débuts (dix ans avant que le genre ne soit nommé) et la Northern Soul socle de toute la culture DJ européenne, avec une bonne dose de Chicago Blues West Side et de Chittlin' Circuit.

Au Blues Rules, le blues est vivant, mais il a de la mémoire.