Avec lui, ce sont deux traditions majeures du Blues Rules qui se croisent.
Un jeune musicien chapeauté à la voix grave, bel homme, aimable, le sourire entre malice et innocence ; un capharnaüm bricolé où rutilent le vieux chêne et le cuivre ; au final, un blues mélodieux au son clair et liquide, où flottent des accents hispaniques, ponctué de morceaux plus rock, ironiques, projetés : c’est Sergi Estella qui est sur scène.
D’une part, l’exploration, année après année, de scènes du blues européens méconnues, mais pas si mineures : après les pays de l’est et la Scandinavie, Sergi Estella est notre second ambassadeur espagnol – ou plus précisément catalan. D’autre part, la lutherie maison, dite « cigarbox », à l’image des bricolages de ces premiers bluesmen trop pauvre pour un instrument « du magasin », qu’illustrent notamment cette année Ronan, Peyton, et jusqu’au programmateur Vincent et ses « One String Is Enough », mais que Sergi pousse à un degré rare de fantaisie et d’ingéniosité.
Comme ambassadeur :
Sergi est un peu l’illustration idéale des motifs de cette exploration. Avec les deux groupes qui ont précédé ce projet solo, Els Assaltadors de Tàlems et Empty Cage, il a obtenu un succès certain en Catalogne, mais qui, content dans son terroir, ne s’est pas soucié de promotion internationale. Pourtant, ses succès, fondés dans l’économie et la candeur de formes et de sons blues, riches d’énergie rock et d’une évidence presque pop, tiennent d’un équilibre précieux entre l’universalité d’une musique mondiale et un enracinement particulièrement évident dans ses riches et flexibles techniques vocales : l’exemple même de ces approches nationales sans réel équivalent au-delà de leurs frontières, et que nous sommes plus pauvres de ne pas connaître.
Comme luthier maintenant :
Sergi Estella est invraisemblable, hilarant, et surtout très très efficace. Ses guitares en raquette ou poêlon, monocorde sur balai, mais aussi fotdella (une basse à pédale initialement inventée par le grand bluesman de rue Jesse Fuller), stompbox, diddley bow et autres instruments hétéroclites ont en effet un point commun : une qualité de son rarement atteinte.
On espère en particulier qu’il ramènera sa fameuse, et mélodieuse, guitare à vin – même si, évidemment, elle n’en contiendra pas assez pour tout le public. De sa musique, du moins, il y aura pour tout le monde !
A découvrir samedi 20 mai à 19h30 sur la scène du Blues Rules Crissier Festival 2017.
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