Le festivalle monde du blues

Le Blues découvre Leo

Ce n’est pas faute d’avoir gratouillé la guitare, poussé la chansonnette, soufflé dans l’harmonica, chanté le Gospel, fait pleuré le violon et régalé le Blues depuis 75 ans…

Leo_Welch-c-Joel_McNeeseSebougla, dans le Mississippi, est une petite bourgade située à environ 75 kilomètres au sud d’Oxford et son université, et 150 kilomètres de Clarksdale, son Cross Road, Muddy Waters et ses tournesols…  C’est là, en plein conté de Natchez, que le bucheron Leo naitra en 1932 et où il vit encore.

Vers 6 ans, au milieu de ses quatre frères et sept sœurs, avec son cousin Alandus en empruntant la guitare d’un cousin plus âgé, Leo montre un certain talent. Ensuite, c’est avec R.C., le propriétaire de la guitare, qu’il développera son jeu en reprenant lors de fêtes familiales les standards du Blues entendus à la radio.

En grandissant, Leo s’essaiera également à d’autres instruments, et en compagnie de R.C. et de son ami Otis McCain ils animeront les pique-niques et fêtes locales durant plusieurs années.

Des samedis et des dimanches sous les notes Bleues et les semaines dans les bois avec sa tronçonneuse rythmeront pendant plus d’un tiers de siècle la vie de Leo. Entre Blues et Gospel, Leo ne choisira jamais, “I believe in the Lord, but the blues speaks to life, too.  Blues has a feeling just like gospel; they just don’t have a book”* – Je crois en Dieu, mais le blues aussi raconte la vie. Le blues, comme le gospel, est une histoire de sentiments, il n’a juste pas de livre (la bible), et sera fortement influencé par les chants d’église, les gospels entendus chaque dimanche et notamment ceux du groupe de Nashville, les Fairfield Four. Influence sous le signe de la spiritualité qui donnera le nom de son premier groupe : Leo Welch and the Rising Soul.

De gospel au blues, Leo donnera beaucoup de concerts locaux, sera repéré mais jamais n’émerge, les bonnes occasions se présentant sans jamais aboutir sur les auditions ou jams promises. Et déjà le Blues traditionnel attire de moins en moins les foules, les lieux commencent à se raréfier, qu’à cela ne tienne, la foi et la musique restent et Leo rejoindra son église locale autour de 1975 avec Leo Welch and the Sabougla Voices et l’église de Bruce (à trente kilomètres) et les Spiritulaires of Bruce, et plus récemment le show télévisuel local The Black Gospel Express.

Et aujourd’hui ? Le monde du Blues découvre enfin ce talentueux jeune homme de 81 ans, qui avec les Sabougla Voicies sort son premier album, du gospel, chez Big Legal Mess Records (Oxford, MS). Et qui depuis 2 ans maintenant, se produit de plus en plus aux Etats-Unis, tout d’abord à Clarksdale, puis le Tennessee si proche, Minneapolis et la Floride cette année, où il partage son Blues brut et rural, un peu à la T-Model Ford.

Quoi de plus naturel alors que d’offrir à se jeune premier la notoriété mondiale qu’il mérite ? C’est avec plaisir que nous l’accueillerons en Juin prochain au Blues Rules Crissier Festival, près de Lausanne (Suisse), preuve également que cette année encore les rives du Mississippi côtoient celles du lac Léman…

L’analogie au superbe compte musical et familial Léo découvre le Blues, écrit en 1997 par Jean-Jacques Milteau, Christine Mulard et Patrick Raynal, est pour le coup amusante, d’autant plus que les grands et petits seront conviés à assister gratuitement à sa représentation les 7 et 8 Juin, avant l’ouverture des portes du festival, au Château de Crissier.

Léo découvre le Blues et le Blues découvre Leo, se sera au pied du Château de Crissier – Lausanne, dans le cadre du Blues Rules Crissier Festival 2014, les 7 et 8 Juin, en compagnie de 15 autres groupes venant des USA (Eric Bibb, Kent & Dexter Burnside, Wes Mackey, Ten Foot Polecats (première européenne), Restavrant), de Suisse (Hell’s Kitchen, Swamp Train, The Coconut Kings) et d’ailleurs (Manu Lanvin, Thomas Schoeffler Jr., Sarah Savoy’Hell-Raising Hayride, Backyard Devils,Dr Buttler’s Hatstand Medicine Band, Blackberry & Mister Boo-Hoo, Jynx).

* Propos recueillis en anglais par Kevin Nutt.
Photo : Joel McNeese