BLUES RULES

CRISSIER FESTIVAL

07 & 08 JUIN 2024

Le festival en vidéos

Le compte-rendu du Ratel

Des comptes-rendus, il y en a de beaux sur la toile - dont celui de cvrin - mais cette année nous avons décider de partager le spontané et extrêmement subjectif compte-rendu de Yves Dorémieux (celui qui nous écrit les bios des artistes) :

Bon bin ç’a été une vertigineuse édition du Blues Rules – avec un temps parfait en plus. Prog débordante de satisfaction.

D’un côté, des extrêmes raretés :
- fife’drums, Shardé, qui ne cesse de développer une vision artistique unique et une présence impériale, superbement épaulée par son homme, les deux adorables, ce qui ne gâte rien ;
- jug band, enfin !!! la joie de savourer la merveilleuse et subtile cacophonie de la probablement dernière formation complètement fidèle à l’instrumentation et au style d’origine avec le Last Chance Jug Band de David Evans, Ted Maclin et Elmo Lee Thomas. Dans mon ursitude habituelle de fatigue et d’obsession mégotière, j’ai à peine pu causer avec tonton David ni avec sa famille que j’aurais bien aimé accueillir plus correctement, un poil plus peut-être avec Ted, presque pas avec Elmo, mais ce peu fût un grand plaisir (et Camlamity est encore verte de jalousie de cette histoire de chansons par Laura Lee Dukes, princesse du jug band originel et l’une de ses idoles).

De l’autre, au plus familier, le meilleur de « ma » scène montreuilloise, Gombo Chaoui, étourdissant de vivacité, de finesse et de mordant – pitié, les copains, ne le remettez pas en sommeil – et René Miller, que j’espère voir au Blues Rules depuis 10 ans, qui s’y est amusé comme un petit fou – si si, René, je t’ai vu, tu DANSAIS – et a ramassé au passage le carton de bouteilles de l’artiste favori du public ; sans compter « cet extraordinaire harmoniciste », comme disait un copain devant la scène, le Kik.

Entre les deux, trop pour tout dévider, et puis j’en ai raté.
Y’a les piliers, toujours chouette à retrouver et réentendre, la bande de Well Well Well bien sûr, et The Two, dont c’était bien d’apprécier live les évolutions et explorations récentes.
Pareil pour Dirty Deep, outre que ça faisait plaize de lui claquer la bise, je ne l’avais pas chopé sur scène depuis des années et son époque pur heavy trash blues tirant presque stoner à l’occaze – sans lâcher ça, c’est son cœur de métier et il le fait bien, il a fouiné de plein de côtés entre temps et ça s’entend.
Un peu déçu que le papa de Twice as Good n’ait pas pu venir*, c’est subjectivement celui qui m’intéressait le plus, mais j’ai bien apprécié le bluesage progressif du chant Pomo.
Content de vérifier en live aussi cette rondeur caractéristique des pulsations du très attachant Carlos Elliot, même si je ne sais toujours pas s’il faut l’attribuer à ses origines colombiennes ou au backing de Bobby Gentilo.
Justina Lee Brown, je ne cache pas que c’est moins ma came, mais ça a été celle du plus gros du contingent Mississippi / Memphis qui se sont éclatés devant la scène, alors hein, à chacun pour chacun, et elle est incontestablement compétente.

Pis y’a nos guitar heroes de l’électrique étiré.
John Primer nous a fait, évidemment, un grand set de Chicago Blues, précieux rappel et clef de voûte dans cette diversité peut-être encore plus parfaitement équilibrée que d’habitude des styles blues qu’on avait dans l’assiette, et a démontré avec précision la différence entre la loquacité indispensable en authentique Chicago tardif, et la verbosité qui plombe trop de ses imitateurs.
Lightnin’ Malcolm l’a efficacement rejoint sur scène, la veille de son propre set, qui était bien mais… j’avoue que le Malcolm que j’aime le plus, c’est le plus dépouillé, en onemanband ou en duo guitare-batterie, peut-être parce que je ne me remet toujours pas de ses disques et concerts avec Cedric**. Son plus grand moment du festival à mon goût, du coup, aura été cet éblouissant guesting sur le son plus sec de Left Lane Cruiser, avec Dirty Deep utile et discret à la pompe harmo en soutien.
Left Lane Cruiser, justement. J’ai l’impression que ça fait dix ans que je ne les avais pas vus, les gars. J’avais presque oublié à quel point je kiffe le jeu de Brenn – tant de finesse et de retenue (si si!) avec les rondins avec lesquels il cogne, ça m’épate à chaque fois. Et Joe, bien sûr, et bien, Joe !
À part ça, j’ai enfin pu identifier avec certitude la moustache de Bob Log III, toujours fidèle à lui-même, et c’est tant mieux.

Faudra un autre poste pour biser les copains de l’équipe et du public, à venir.

Bref, une grande édition pour ma pomme.

 - Ratel

* Suite à des soucis de santé - ** Cedric Burnside (NDBR)